Page:Delly - Les deux fraternités, ed 1981.djvu/216

Cette page a été validée par deux contributeurs.
214
LES DEUX FRATERNITÉS

Prosper eut une sorte de rauque éclat de rire.

— Mais vous avez très bien imaginé votre petite histoire ! Quel talent vous possédez ! Seulement, voyez-vous un peu Prosper Louviers, le député connu comme le Pont-Neuf de tous les ouvriers des environs de Paris, s’en allant enlever une petite fille sans que personne s’en aperçoive !

— Vous aviez un complice, évidemment. Je ne suis pas assez naïf pour penser que vous avez opéré vous-même.

D’un mouvement brusque, Prosper se dégagea de l’étreinte de M. de Mollens.

— En voilà assez ! J’ai eu jusqu’ici la patience d’écouter vos inventions, mais ça ne durera pas davantage.

— Oui, vous pouvez partir maintenant, je vous ai dit ce qu’il fallait. Suzanne est chez sa mère, elle y restera. Mme Mariey vous fera l’aumône de son pardon pour ce que vous lui avez fait souffrir.

— Encore ! dit Prosper, grinçant des dents. Ah çà ! montrez-moi d’abord les preuves de ce que vous avancez ?

— Des preuves ? Je n’en ai pas encore d’absolues, mais tout au moins de fortes présomptions. Si nous dévoilions les faits à la justice, il y aurait du bruit autour de votre nom. Vous avez des ennemis puissants, Prosper Louviers, votre popularité baisse. Je crois que vous avez tout intérêt à vous taire.