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LES DEUX FRATERNITÉS

cette jeune fille avec son fils aîné, a eu l’idée de rechercher si elle possédait un signe particulier existant sur le corps de sa petite Suzanne. Ce signe, elle l’a trouvé.

Les veines se gonflaient au front de Prosper, ses yeux luisaient de fureur contenue.

— Voilà une histoire prestement bâtie, dit-il avec insolence. Mais vous ne me ferez pas avaler ça tout de go ! Il ne faut pas prendre Prosper Louviers pour un imbécile, monsieur de Mollens !

— Un imbécile, non, mais un coquin !

Prosper bondit avec une exclamation de rage et fit le mouvement de se jeter sur M. de Mollens. Mais la main du marquis saisit son poignet et le serra comme en un étau.

— Pas de violence, cela ne servirait qu’à aggraver votre cas. Car nous vous accusons, Mme Mariey et moi, d’avoir volé la petite Suzanne, dans le but de vous venger du refus méprisant de la veuve de Cyprien.

— Menteur ! misérable ! bégaya Prosper dont la physionomie était décomposée par la fureur.

— Les insultes d’un être de votre espèce ne peuvent m’atteindre. Vous avez imaginé cette histoire d’enfant trouvée, qui vous donnait du même coup une auréole de bonté et de charité ; vous avez su, auparavant, égarer les soupçons en emmenant mystérieusement la pauvre petite jusqu’en Auvergne, en automobile, probablement ? C’est une façon si commode de pratiquer les enlèvements !