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LES DEUX FRATERNITÉS

que vous comprendrez tout à l’heure ma façon d’agir, à moins que ce ne soit chose faite déjà.

Les deux hommes se mesurèrent du regard. Sans doute, Prosper lut-il dans les yeux du marquis une résolution inébranlable, car il se tourna vers le docteur en disant d’un ton contraint :

— Eh bien ! docteur, faites-vous reconduire et excusez-moi. Vous voyez que je suis obligé de céder aux importunités de ce monsieur pour m’en débarrasser au plus vite.

— Oh ! ce ne sera pas long, si vous le voulez, dit M. de Mollens avec ironie.

Lorsque la porte se fut refermée sur le médecin, Prosper fit deux pas vers le marquis, et, croisant les bras sur sa large poitrine, dit d’un ton arrogant :

— Maintenant, dites-moi ce que signifie…

— J’ai simplement quelques questions à vous adresser. On m’a dit que cette jeune fille ne vous était unie par aucun lien de parenté, que vous l’aviez trouvée jadis, tout enfant, sur la route de Riom à Clermont ?

— Oui. Eh bien ?

— Saviez-vous que Mme Mariey avait eu une petite fille enlevée, volée, à Meudon, où elle habitait alors ?

Sèchement, sans baisser son regard que fouillait celui du marquis, Prosper répondit :

— Non, je l’ignorais.

— Ah ! vraiment ? Eh bien ! Mme Mariey, ayant constaté l’extraordinaire ressemblance de