Page:Delly - Les deux fraternités, ed 1981.djvu/210

Cette page a été validée par deux contributeurs.
208
LES DEUX FRATERNITÉS

et se mit à contempler la jeune fille avec un regard où se mêlaient la joie et la douleur.

— Oh ! merci, merci, mon Dieu, d’avoir enfin exaucé ma prière ! s’écria-t-elle en joignant les mains. Mais ne me la rendrez-vous que pour me l’enlever aussitôt ?… Ma Suzanne, ma petite chérie !

Elle défaillait presque sous l’influence de l’émotion indescriptible qui la saisissait. La comtesse l’aida à se relever et la fit asseoir dans un fauteuil.

— Allons, ma bonne Micheline, soyez forte, car il s’agit d’éclaircir le rôle joué par ce coquin.

Micheline se redressa brusquement.

— Lui ! c’est vrai. Oui, il m’a volé ma fille !

— Cela ne fait pas l’ombre d’un doute. Il s’est vengé de cette manière basse et cruelle.

— Il faudrait prévenir M. de Mollens. Il saura ce qu’il faut faire. Car, maintenant, je ne peux pas laisser cet homme emmener ma Suzanne !

— Ah ! non, il ne faut plus la lâcher ! Je vais envoyer immédiatement Jean à bicyclette chez mon cousin. Pourvu que ce coquin ne trouve pas tout de suite son médecin. Autrement, il serait de retour ici bien avant l’arrivée de René.

— Quand même, je ne la laisserai pas partir ! dit énergiquement Micheline.

Un quart d’heure s’écoula. Le médecin de Prosper était sans doute déjà parti de chez lui, le député avait dû aller à sa recherche. Micheline espérait déjà que M. de Mollens serait là avant lui.