Page:Delly - Les deux fraternités, ed 1981.djvu/20

Cette page a été validée par deux contributeurs.
18
LES DEUX FRATERNITÉS

rappelaient ceux de Prosper, en plus affinés seulement.

Le jeune homme se détourna en disant d’un ton de mauvaise humeur :

— Ah ! te voilà enfin ! Pas bête, Zélie ! Tu arrives pour trouver le logis bien chaud… Et tu comptais peut-être que ton frère allait préparer le dîner, de façon que tu n’aies plus qu’à te mettre à table ?

Elle haussa brusquement les épaules.

— Avec ça que c’est dans tes habitudes d’être si complaisant ! Tu as allumé le fourneau parce que tu avais froid, tout simplement !… Je te connais, va, mon bonhomme !

Elle se mit à rire ironiquement et entra dans la pièce voisine. Elle en ressortit peu après, débarrassée de son chapeau et de sa jaquette, un tablier à carreaux clairs orné d’un volant noué autour de sa taille mince.

Prosper s’était assis près de la table et battait la mesure sur une assiette.

— Tu as dîné, naturellement ? dit sa sœur en se dirigeant vers un petit buffet de bois blanc.

— Oui, j’ai cassé une croûte chez Mariot. Je sais qu’il ne faut guère compter sur toi pour trouver quelque chose en arrivant ici, dit sèchement Prosper.

Elle répliqua avec calme, tout en se penchant pour ouvrir le buffet :

— Tu as raison… Chacun doit garder sa liberté et ses coudées franches, et il ne me conviendrait nullement de me gêner pour que tu