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CHAPITRE XV


Claudine souffrit fortement pendant plusieurs jours de son bras contusionné, et une petite fièvre tenace l’obligea à garder le lit. Elle s’en réjouit, car elle n’avait aucune hâte de se retrouver avec les Louviers. Un profond ressentiment l’animait contre eux, et elle le laissait s’infiltrer en elle sans essayer de le combattre. Jamais elle n’avait eu de sympathie pour Prosper et Zélie, et, malgré la directrice du lycée, qui lui chantait les louanges de son bienfaiteur, elle n’était parvenue à ressentir à son égard qu’une reconnaissance de commande. Alexis seul avait eu son affection. Mais c’était fini, il avait tout fait pour qu’elle en arrivât à le détester.

Et, dans la solitude où elle demeurait toute la journée, Claudine laissait errer son esprit entre la tristesse de son sort présent et le rêve — le rêve imprécis et radieux qui envahissait lentement son jeune cœur.

Le quatrième jour, il lui fallut descendre enfin. Elle entra, un peu avant l’heure du