Page:Delly - Les deux fraternités, ed 1981.djvu/177

Cette page a été validée par deux contributeurs.
175
LES DEUX FRATERNITÉS

Et dire que d’un jour à l’autre sa carrière peut être brisée !

— Il l’aime tant, cependant ! Cette existence de garnison, que d’autres trouvent morne et insipide, il a su, lui, la rendre utile et féconde en s’occupant de ses hommes, en s’intéressant à leur vie morale.

— Voilà précisément son grand crime ! Un officier, chrétien militant, qui prend de l’influence sur ses hommes et se fait aimer d’eux ! Je m’attends d’un jour à l’autre à le voir obligé de donner sa démission. Et tout d’abord il faut penser qu’il sera incessamment envoyé dans quelque petite garnison.

— Je le sais ! dit-elle avec un soupir. Heureusement, il sera marié, il aura un doux foyer, et il saura se créer n’importe où d’utiles occupations. Mais nous ne l’aurons plus près de nous, ce sera le grand sacrifice, en attendant que notre cher abbé s’éloigne aussi, pour remplir dans quelque petite paroisse ce ministère pastoral qui est le rêve de son cœur d’apôtre. Quels fils Dieu nous a donnés, René ! et combien, malgré nos inquiétudes et nos épreuves, nous sommes heureux en comparaison de tant d’autres ; de ces malheureux d’à côté, par exemple, qui vivent sans idéal, sans espérance !