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LES DEUX FRATERNITÉS

— Laisse-la d’abord s’asseoir, elle est toute tremblante, interrompit Alexis. Ma tante, il faudrait peut-être lui faire boire quelque chose.

— Oh ! non, non ! interrompit vivement Claudine. Je n’ai pas eu très peur, c’est seulement un peu d’émotion rétrospective. Et puis mon bras me fait souffrir.

— Qu’est-ce qu’il a ton bras ? dit Prosper Louviers.

— Il a reçu un coup de bâton. Voyez, il est inerte…

— Qu’est-ce qui t’a fait ça, voyons ? interrogea Zélie.

— Nous revenions tranquillement, Léonie et moi, dans la rue de Béthune. Devant nous marchait un homme à l’allure étrange — ivrogne ou fou, je ne sais — qui tenait un gourdin à la main. Comme nous passions devant l’école Saint-Jean, les élèves en sortaient. L’un d’eux, peut-être, excita par un signe ou par un mot la colère de cet homme. Toujours est-il que celui-ci s’élança, brandissant son bâton et essayant d’atteindre les enfants qui fuyaient, épouvantés. L’un d’eux, un garçonnet d’une dizaine d’années, arrivait au-devant de nous. L’homme se précipita sur lui et son gourdin allait retomber sur sa tête. Je repoussai l’enfant et ce fut mon bras qui reçut le coup.

— Peste ! quelle héroïne ! s’exclama Léon d’un ton moqueur.

— Tais-toi ! dit brusquement Alexis. Et qu’arriva-t-il ensuite ?