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LES DEUX FRATERNITÉS

heureuse, elle le sera ! dit-il avec une sorte de violence.

Jules Morand le regarda avec surprise. Mais Prosper, qui réprimait avec peine son impatience irritée, lui adressa une question, de façon à détourner l’entretien.

Alexis demeura silencieux, son regard dur et sombre fixé en face de lui, sur l’ouverture de la fenêtre qui laissait voir la terrasse et la profondeur fleurie du jardin. Il dit tout à coup, d’une voix qui n’avait plus les intonations impératives accoutumées :

— Tu serais gentille, Claudine, d’aller dans ma chambre me chercher le livre que j’ai oublié sur la table.

Elle le regarda avec un peu de surprise, cette forme aimable n’étant pas dans les habitudes d’Alexis. Se levant aussitôt, elle s’éloigna et gagna le premier étage.

Après avoir pris le livre chez Alexis, elle entra un instant dans sa chambre pour chercher un objet oublié. Par la fenêtre ouverte, un bruit de jeunes voix parvenait jusqu’à elle.

Elle s’approcha et jeta un coup d’œil vers le jardin voisin.

Trois ou quatre garçonnets couraient en se poursuivant joyeusement. Sur le perron, le lieutenant de Mollens, en civil, fumait une cigarette tout en écoutant d’un air intéressé sa sœur aînée qui lisait un journal.

Un des petits garçons s’arrêta tout à coup en s’écriant :