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LES DEUX FRATERNITÉS

sion soupçonneuse de sa physionomie, elle répondit sèchement :

— Rien de très particulier. Je suis simplement entrée en passant à l’église.

Alexis sursauta sur sa chaise longue.

— À l’église !… Pourquoi faire ?

— Pour voir… C’est très beau, le culte catholique.

Alexis lui saisit le poignet.

— Je te défends, Claudine ! Je te défends de mettre le pied dans une église !

Claudine ne put réprimer un vif mouvement de colère.

— On m’a répété maintes fois que ma raison devait suffire à me guider, que je n’avais à subir aucune influence philosophique ou religieuse. Que crains-tu donc pour moi ? Et pourquoi prétends-tu entraver ainsi ma liberté morale ? Si, par hasard, un jour, je venais à croire aux enseignements d’une religion quelconque, de quel droit pourrais-tu m’empêcher ?

— Tais-toi ! dit-il avec une sourde fureur. Tu n’as pas à croire autre chose que ce que je t’enseigne. Et ne t’avise plus de franchir le seuil d’un de ces refuges de la superstition. Ta faible cervelle féminine pourrait recevoir là de dangereuses atteintes.

Elle murmura avec une sorte d’âpreté douloureuse.

— Il doit pourtant être doux, à ceux qui souffrent, de penser qu’il y a le bonheur au-delà de la tombe !