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LES DEUX FRATERNITÉS

Prosper s’assit près de lui et posa la main sur son bras.

— Elle t’a fatigué, mon cher enfant ? Évidemment, elle est bien insupportable parfois, mais elle me rend service pour diriger la maison.

— Claudine la remplacerait parfaitement.

— Hum ! elle est bien jeune, et sa position dépendante ne lui donnerait aucun poids vis-à-vis de la domesticité.

Alexis se mit à froisser nerveusement le livre qu’il tenait à la main. Il dit tout à coup :

— Cette position pourrait changer, si elle le voulait.

— Comment cela ?

— Oui, si elle devenait ma femme.

Prosper eut un sursaut de stupeur.

— Ta femme !

— Tu te dis sans doute que je suis fou, dans ma situation, de songer au mariage ?

— Non, non, Alexis, ne crois pas cela ! Mais cette enfant… trouvée… Et tu es si jeune encore ! Bien d’autres occasions se présenteront.

— Oui, des femmes qui consentiront à épouser pour sa fortune l’infirme que je suis ! dit Alexis avec une sourde violence. Cela, jamais ! Et, d’ailleurs, ne comprenez-vous pas que je l’aime, que je ne pourrais vivre sans elle ? Que m’importe le mystère qui entoure sa naissance ! Que m’importe sa pauvreté ! C’est elle que je veux, c’est elle seule qui sera ma femme !