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LES DEUX FRATERNITÉS

des endroits déserts, naturellement, et reviens vite pour que je te donne ta leçon de dessin.

Elle dit avec un peu d’émotion :

— Je te remercie, Alexis.

Il riposta, l’ironie dans le regard :

— Oh ! il n’y a pas de quoi ! C’est tout simplement pour ne pas avoir près de moi une si pauvre mine… Ce n’est pas pour toi, c’est pour moi que j’agis ainsi.

— Oh ! je n’en doutais guère ! murmura-t-elle avec une tranquille amertume, en détournant un peu la tête pour qu’il ne vît pas l’éclair douloureux jailli de son regard à cette nouvelle blessure infligée par sa bouche impitoyable.

La main d’Alexis saisit son poignet, la voix brève et un peu haletante du jeune homme demanda :

— Tu le crois réellement, Claudine ?… Tu ne penses pas que j’agis un peu pour toi ?

— Oh ! certes non ! dit-elle dans un élan de toute son âme.

Alexis laissa retomber sa tête sur les coussins de la chaise longue, en murmurant avec une intonation de sourde et poignante raillerie :

— Tu as raison. Va, va Claudine, promène-toi, reviens avec de fraîches couleurs. C’est tout ce que je te demande, c’est ce que je veux… Pour ma seule satisfaction, naturellement.

Il eut un petit rire sarcastique qui résonna longtemps aux oreilles de Claudine, tandis qu’elle gagnait sa chambre pour obéir au nouveau caprice d’Alexis.