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LES DEUX FRATERNITÉS

exaspéré, petite rebelle. Allons, faisons la paix, et ne pleure plus, surtout !

Il lui tendait la main, et elle y mit la sienne sans hésitation. Mais sa physionomie demeurait un peu froide, et la tristesse qu’avait laissée dans son regard la scène du matin ne s’effaçait pas.

Alexis demeura un long moment silencieux et songeur. Ses doigts nerveux serraient la main de Claudine si fortement qu’elle murmura enfin :

— Tu me fais mal !

— Petite douillette ! dit-il d’un ton d’indulgente condescendance. On ne pourra réellement bientôt plus te toucher, moralement et physiquement !

Mais ses doigts, en se desserrant, laissaient voir une marque rouge sur la petite main blanche de Claudine.

— Est-ce que tu es vraiment fatiguée ? reprit-il avec une sorte d’intérêt hésitant, en l’enveloppant d’un regard investigateur.

— Oui, je me sens un peu faible, je perds tout à fait l’appétit. C’est de l’anémie, je pense.

— Probablement. Il te faudrait en ce cas beaucoup d’exercice. Écoute, Claudine, tu sortiras tous les jours. Commence aujourd’hui, tiens, il fait très beau.

Elle demeura un instant saisie, n’osant croire à cette bienveillance, à cette sollicitude inaccoutumée.

— Eh bien ! qu’as-tu à me regarder comme cela ! dit-il avec une sorte d’impatience irritée. Va t’habiller, fais un tour aux environs, pas dans