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LES DEUX FRATERNITÉS

— J’ai le droit de penser librement. Je me demande pourquoi on me le conteste ici.

Les doigts d’Alexis se crispèrent sur la couverture, des paroles irritées montaient à ses lèvres. Mais il se contint par un effort violent et dit avec calme :

— C’est bon, nous discuterons cela plus tard. Dis-moi seulement une chose. As-tu cru que c’était moi qui avais raconté à mon père notre scène de ce matin ?

— Mais je me demande qui aurait pu ? dit-elle avec froideur.

— Cela veut dire que tu m’as accusé ? Tu as pu croire que c’était moi ?

Un mélange de colère et de souffrance bouleversait sa physionomie, et Claudine sentit un peu d’émotion monter en elle, en chassant sa sourde rancune.

— Ce n’était pas toi ? Mais qui donc ?

— Ma tante était à la fenêtre de sa chambre, elle a entendu et a tout rapporté à mon père. Je me suis fâché contre elle, et j’ai dit à père qu’il ne fallait pas te gronder, que je me chargeais d’arranger cela avec toi. Dis-moi, ai-je jamais rien fait qui puisse te faire penser un seul instant que je sois capable d’aller rapporter comme cela ?

— Non, jamais rien, c’est vrai ! dit-elle spontanément. Je regrette beaucoup d’avoir eu ce soupçon. Mais tu avais été si dur pour moi que j’étais encore irritée, plus disposée à croire.

— Oui, je sais, j’ai eu tort. Mais tu m’avais