Page:Delly - Les deux fraternités, ed 1981.djvu/139

Cette page a été validée par deux contributeurs.
137
LES DEUX FRATERNITÉS

— Claudine ! dit-il tout à coup.

Elle leva la tête en demandant froidement :

— Que désires-tu ?

— Pourquoi te mets-tu si loin de moi ? Rapproche-toi, j’ai à te parler.

Son accent toujours autoritaire n’avait pas la dureté habituelle.

Claudine obéit, elle se leva et s’approcha sans empressement, avec la même froideur empreinte sur sa physionomie.

Alexis se pencha un peu et posa sa main sur la sienne en levant vers elle ses yeux noirs adoucis soudain.

— Claudine, tu m’en veux ? J’ai été trop dur pour toi. Mais je n’aime pas la contradiction, de ta part surtout. Je voudrais que nous ayons les mêmes goûts, les mêmes opinions, que nous puissions lire sans parler dans l’esprit l’un de l’autre. Cela est possible, Claudine, si tu veux te laisser diriger par moi.

— Et pourquoi donc faut-il que ce soit moi qui soumette ma volonté, qui annihile mes idées personnelles devant les tiennes ? dit-elle avec un mouvement de révolte.

Une lueur d’impatience irritée passa dans les prunelles d’Alexis.

— Parce que tu n’es encore qu’une enfant, et que je ne puis souffrir que tu penses autrement que moi, dit-il sourdement.

Elle redressa la tête en répliquant d’un ton résolu :