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LES DEUX FRATERNITÉS

virile et un peu froide. Le plus âgé était en costume de ville, le plus jeune portait avec élégance la petite tenue de sous-lieutenant de dragons.

Leur physionomie s’éclaira d’un même sourire très doux à la vue des jeunes filles qui s’avançaient au-devant d’eux.

— Vous aviez l’air de nous attendre, mes petites filles. Est-ce que nous sommes en retard ? demanda le père en mettant un baiser sur les jeunes fronts qui s’offraient à lui.

— Mais non, papa, Robert n’est pas encore rentré.

— Le voilà, dit l’officier qui s’était légèrement détourné en entendant la grille s’ouvrir.

Un garçonnet d’une dizaine d’années, portant la casquette de l’école Saint-Jean, arriva en courant et en criant :

— Papa, Henry, je suis premier en version allemande ! C’est chic, ça, n’est-ce pas ?

— À la bonne heure ! dit le père en passant la main sur les cheveux bruns de l’enfant. Au moins, notre voyage de l’année dernière n’aura pas été inutile, puisqu’il te fait faire tant de progrès. Je suis très content, Robert.

— Et moi aussi, mon petit, ajouta le lieutenant en donnant une tape amicale sur la joue de son frère. Si les mathématiques marchaient seulement aussi bien, hein, Robert ?

L’enfant eut une légère grimace, et, secouant la tête, s’élança vers le perron où venait d’apparaître une dame d’apparence jeune encore,