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LES DEUX FRATERNITÉS

nous, donne quelques conseils, va visiter ceux qui sont malades et leur porter des secours ou des douceurs, selon les cas. Il a l’air un peu raide, un peu fier comme ça, mais on ne peut pas se figurer comme il est aimable et bon avec les ouvriers ! Il y a un mois, à l’occasion de son mariage avec la jolie petite dame qui est là, il nous a offert un dîner dans la grande salle du Cercle…

— Il aurait eu honte de vous recevoir chez lui, probable ? dit Prosper avec un rire sardonique.

— Ça nous aurait gênés beaucoup plus que nous n’y aurions trouvé de plaisir, tandis qu’au Cercle nous sommes tous chez nous, en famille. Ç’a été une jolie petite fête, et lui était gai et content au milieu de nous, tout comme s’il n’avait pas hâte d’aller retrouver sa gentille petite femme. Pour un bon riche, c’est un bon riche !… Je ne te dis pas qu’ils sont tous comme ça, oh ! malheureusement non, mais enfin il y en a… et il faudrait savoir ce que nous ferions, nous autres, si un jour la fortune nous tombait du ciel.

Le regard de Prosper se posa sur les meubles luxueux ; une lueur avide y brilla une seconde.

— Toi, naturellement, le socialiste, tu partagerais avec les frères ?

Il y avait dans le ton de Cyprien, une nuance d’ironie que perçut fort bien Prosper, car son front se plissa violemment.

— Rira bien qui rira le dernier ! dit-il entre