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LES DEUX FRATERNITÉS

Une bonne voisine avait accepté de garder les jeunes infirmes, et Mlle Césarine était partie, toute radieuse, avec sa charitable compagne.

Ce fut une joyeuse surprise pour Micheline. Tandis qu’Henry de Mollens, qui avait accompagné sa mère, s’en allait avec Louis et Lucien dans le jardin devenu inculte depuis la mort du père Mariey, les trois femmes s’assirent et demeurèrent à parler dans la petite salle un peu délabrée où Micheline travaillait tout le jour. Quand cinq heures sonnèrent, la marquise et Mlle Césarine se levèrent pour prendre congé de la jeune veuve. Mais Micheline dit qu’elle les accompagnerait un peu, car il lui fallait aller acheter des légumes nécessaires à la soupe du soir.

— Louis restera avec Suzanne que je ne veux pas emmener aujourd’hui, car elle est très enrhumée, ajouta-t-elle.

En enfant bien élevé, Louis ne protesta pas, mais il regarda d’un œil de regret s’en aller les visiteuses et Henry de Mollens, qui gambadait avec le petit Lucien.

La fruiterie où s’approvisionnait Micheline n’était pas loin ; la jeune femme, après avoir dit adieu à Mme de Mollens et à sa compagne, eut vite fait ses petites provisions. Elle revint avec Lucien, en se hâtant un peu comme toujours lorsqu’elle laissait ses enfants seuls, car, malgré le précoce sérieux de l’ainé, elle n’était jamais absolument tranquille.

— Cet étourdi de Louis a oublié de fermer