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LES DEUX FRATERNITÉS

Il sortit brusquement, en abaissant encore davantage son chapeau sur ses yeux. À la porte du couloir, il se heurta à Mlle Césarine et passa très raide, sans même une excuse.

La vieille fille rentra chez elle, jeta un coup d’œil sur ses protégés, puis elle alla frapper chez Micheline pour lui remettre une petite commission dont l’avait chargée sa voisine.

En entrant, elle eut une exclamation d’inquiétude à la vue de la jeune femme, affaissée sur sa chaise, la tête entre ses mains, tandis que les deux petits garçons la regardaient avec consternation.

Micheline leva la tête, montrant son visage inondé de larmes.

— Ce n’est rien, mademoiselle Césarine, la réaction seulement. Oh ! si vous saviez qui vient de venir ici !

— Qui donc, ma petite amie ?

— Prosper Louviers ! Et il m’a demandé, il a osé me demander de devenir sa femme !

Mlle Césarine, un moment abasourdie, s’exclama enfin :

— Oh ! ce n’est pas possible !… Que me racontez-vous là, mon enfant !… Ce serait donc lui que j’ai croisé tout à l’heure en rentrant et qui a manqué me renverser ?

— Il était furieux… Je lui ai dit franchement ce que je pensais de lui ; je lui ai montré que je savais ce qu’il était sous les apparences de bonté et de désintéressement dont il essayait de se parer… J’ai vu le moment où il allait me