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LES DEUX FRATERNITÉS

que je cherche au contraire à élever, à rendre conscients de leurs droits.

— En leur faisant renier leurs devoirs les plus sacrés ? En les excitant au crime, à l’impiété ? Oh ! si, responsable, vous l’êtes ! dit-elle dans un élan d’indignation.

Les noirs sourcils de Prosper se rapprochèrent brusquement. Cependant, il reprit avec la même douceur :

— Je vous pardonne vos accusations injustes, Micheline, en raison de l’état d’esprit qui doit être le vôtre après ce grand malheur. Ayant appris celui-ci hier seulement, je venais à vous en parent, désireux de vous apporter mon aide en souvenir de mon cousin Cyprien.

— Lui ne vous considérait plus comme un parent, interrompit froidement Micheline. Vous-même, je crois, monsieur Louviers, l’aviez assez bien oublié, me semble-t-il ?

L’accent d’ironie de la jeune femme amena une lueur de colère dans les yeux sombres de Prosper. Il se contint pour répliquer avec un calme forcé :

— J’ai eu des torts, je le reconnais loyalement devant vous, Micheline. Mais j’ai l’ardent désir de les réparer aujourd’hui. C’est pourquoi je suis ici. Micheline, je viens vous demander si vous voulez me permettre de remplacer près de vous le pauvre Cyprien, si vous voulez devenir ma femme honorée et aimée ?

Elle eut un sursaut de stupeur et recula brusquement.