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LES DEUX FRATERNITÉS

L’enfant se leva et s’en alla vers la porte qu’il ouvrit. Une silhouette masculine s’encadra dans l’ouverture, puis, refermant la porte, s’avança de quelques pas.

Micheline se dressa debout avec une exclamation étouffée.

— Prosper Louviers !

— Oui, Prosper… votre cousin, Micheline.

Et, s’approchant, il lui tendait la main.

Elle recula brusquement, très pâle ; ses yeux, où passait une protestation indignée, se posèrent sur le visage un peu ému de Prosper.

— Mon cousin !… Vous !… Vous qui l’avez tué !

— Que voulez-vous dire ? s’écria-t-il.

— N’avez-vous pas su comment mon mari est mort ?

— Si, dans la grève… Il s’est entêté à travailler…

— Et ce sont les malheureux ouvriers exaltés par vos discours qui l’ont tué, mon Cyprien ! Le vrai coupable, c’est vous, Prosper Louviers ! Vous qui êtes intelligent, qui agissez sciemment, qui usez pour le mal de votre ascendant sur ces pauvres êtres égarés !

Elle se redressait, frémissant de tout son être, les yeux étincelants de fierté douloureuse.

Prosper avait eu un sursaut de colère. Il réussit à se dominer et dit avec douceur :

— Votre chagrin vous égare, Micheline. Je ne suis pas responsable des actes violents, des crimes de ces hommes de mentalité inférieure,