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LES DEUX FRATERNITÉS

vous anémiez dans cette petite chambre mal aérée, avec ce labeur acharné auquel vous vous livrez. Là-bas, vous aurez au moins l’air et le soleil ; la question du loyer vous laissera en repos. Oui, vraiment, il me semble qu’il n’y a pas à hésiter.

Quand Micheline, une demi-heure plus tard, prit congé de Mme de Mollens et du marquis, le jour commençait à tomber. Bien que l’on fût en décembre, l’air était presque tiède, et la jeune femme, cédant au désir de Louis, prit les voies larges et bien éclairées qui allongeaient un peu le retour.

Elle tenait l’enfant par la main et souriait au récit des amusements variés dont Henry de Mollens avait gratifié son petit camarade.

— Oh ! maman, les belles oranges ! dit tout à coup l’enfant.

Son petit doigt se tendait vers une charrette remplie des fruits d’or.

— Tiens, sais-tu ce que nous allons faire, mon petit Louis ? Achetons-en deux pour Célestin et Martine. Ils seront bien contents, et Mlle Célestine aussi. Ce sera une petite manière de la remercier de toutes ses bontés.

Et la jeune femme s’approcha de la voiture pour choisir les oranges.

Elle avait un court instant lâché la main de Louis. Quand elle voulut la reprendre, elle s’aperçut que l’enfant n’était plus près d’elle. Il n’était pas loin pourtant, elle l’aperçut sur la chaussée. Et, en même temps, elle vit une