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LES DEUX FRATERNITÉS

nant, il lui fallait gagner elle-même la vie de ses enfants. Elle avait donc repris son métier de passementière ; mais, malgré son courageux labeur, la gêne était entrée au logis, où le gain de Cyprien apportait presque l’aisance grâce à l’intelligente économie de la jeune femme.

Mme de Mollens, s’autorisant à son titre de marraine du petit Louis, aidait discrètement Micheline.

— Laissez-moi le plaisir de vous traiter comme une sœur, disait-elle avec sa gracieuse cordialité habituelle. Voyez, votre fils est mon filleul, mon mari est le parrain de votre petite Suzanne. Ce sont des liens très forts, de vrais liens de parenté.

Micheline la remerciait avec une reconnaissance émue et bénissait Dieu qui lui donnait dans son malheur de tels soutiens.

Mais de nouvelles inquiétudes surgissaient. Lucien et Suzanne, le bébé, restaient faibles et languissants. Le médecin consulté avait dit :

— Il leur faudrait une autre atmosphère que celle de Paris. Au bon air, ils se fortifieraient très vite. Ici, hum !…

Un dimanche, Micheline mit sa robe la meilleure, elle confia ses deux plus jeunes enfants à Mlle Césarine, et, emmenant le petit Louis, elle se dirigea vers l’hôtel de Mollens.

Les domestiques la connaissaient, car, bien qu’elle évitât avec sa discrétion habituelle de déranger la marquise, elle était venue trois ou quatre fois, sur l’invitation de l’aimable jeune