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LA PETITE CHANOINESSE

Bénigne de Varzon, marquis de Sommelles, excitait particulièrement l’intérêt de la jeune fille. Celle-ci cherchait à se la représenter, se l’imaginait sous ses propres traits, parce qu’elle portait le même nom… Et Louis-Bénigne, comment était-il ?… Élys s’amusait à faire en esprit son portrait, ainsi qu’elle se le figurait… Grand, blond, un air fin et sérieux, des yeux fiers, mais qui sauraient se faire doux…

Madame la chanoinesse de Prexeuil, les livres de raison peuvent aussi donner aux jeunes personnes des idées romanesques ! Pour ne vous en être pas avisée, que de soucis vous vous prépariez !

Ces innocentes imaginations, auxquelles d’ailleurs Élys ne s’attardait pas, seraient peut-être restées à l’état stationnaire, si la jeune fille n’avait pas connu Ogier de Chancenay.

Il était précisément blond, comme le Louis-Bénigne de ses rêves — d’un blond un peu foncé, tel qu’elle l’aimait, et grand, svelte, d’allure très élégante. Il avait des yeux fiers — des yeux superbes, et qui devenaient doux… plus que doux…

Cette chaude caresse du regard d’Ogier, Élys ne pouvait l’oublier. À ce souvenir, elle sentait les battements de son cœur qui se précipitaient. Plus d’une fois, depuis sa rencontre avec M. de