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LA PETITE CHANOINESSE

melles. Bienheureux apôtres, priez pour ces enfants qui s’aiment, qui sont jeunes et confiants, afin qu’ils sachent porter d’un cœur vaillant les devoirs de la vie ! »

La chanoinesse de Prexeuil avait pris grand soin d’éloigner de sa petite-nièce les romans imaginaires, et même d’expurger à son usage des textes d’histoire ou de littérature ; mais elle lui avait donné à lire le livre de raison de ses aïeules, comme il était de tradition dans la famille, quand les filles atteignaient quinze ou seize ans, afin qu’elles s’édifiassent de la piété, des vertus, de la vie forte et simple des anciennes dames de Prexeuil. Mme Antoinette, qui était cependant une femme d’intelligence réfléchie, n’avait pas vu ce que contenaient de danger — à son point de vue — ces évocations, souvent brèves et presque sèches, des joies, des souffrances, de la vie intime d’une famille, dont généralement les membres avaient été unis, s’étaient aimés, se réjouissaient ou s’attristaient les uns pour les autres… Et pourtant, c’était en lisant le livre de raison qu’Élys avait commencé de rêver à d’imprécises joies, que ne lui laissait pas envisager l’existence telle que l’avait tracée pour elle sa grand’tante.

Cette Élys de Prexeuil, qui épousait Louis-