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LA PETITE CHANOINESSE

l’écart du monde, et presque sans relations, dans ce solitaire Prexeuil, Mme Antoinette comptait bien, étant donnés surtout la nature et les goûts d’Élys, que celle-ci s’arrangerait sans regret de l’existence préparée pour elle par la tante qui lui avait tenu lieu de mère. Comme les filles nobles d’autrefois qui, ne pouvant ou ne voulant contracter mariage, n’étaient pas néanmoins attirées par la vie du cloître, Élys, obéissant à la direction de sa grand’tante, avait demandé son admission dans un chapitre autrichien, en faisant preuve des nombreux quartiers de noblesse nécessaires. Ainsi, pensait Mme de Prexeuil, elle aurait une situation honorifique, porterait le titre de comtesse, et continuerait, après ses tantes, de remplir dignement ses devoirs de châtelaine, en oubliant qu’elle était une vieille fille.

Toutes ces petites combinaisons n’avaient qu’un défaut : elles se basaient sur une complète méconnaissance du caractère d’Élys et des aspirations, à peine conscientes encore, de cette jeune âme sortant de l’adolescence.

Mme Antoinette considérait sa petite-nièce comme une enfant intelligente, docile, mêlant des goûts sérieux à une gaieté pure et tranquille. Or, Élys était bien cela ; mais il existait autre chose encore, dans cette nature de jeune fille —