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LA PETITE CHANOINESSE

aimables et frivoles grands-parents, qui lui inspiraient une affection légère, parfois indulgente, à d’autres moments mêlée d’un peu d’impatience ou d’une vague rancune.

Maud Dornley, une de ses cousines anglaises dont il se savait très aimé, lui témoigna vainement sa surprise et sa contrariété de le voir s’éloigner ainsi, pour un temps qu’il ne déterminait pas. Elle n’obtint que cette réponse, faite d’un ton de légèreté moqueuse :

— Mais, ma chère, je ne passerai pas là-bas tout l’automne — loin de là ! Je vous retrouverai encore ici, quand je reviendrai.

— Il n’empêche que ce sont des jours enlevés à vos amis !

— Oh ! le beau malheur ! Je ne me crois pas du tout indispensable à leur félicité, Maud, quoique vous ayez l’air de chercher à me le persuader.

— En tout cas, vous leur êtes très agréable… et vous ne l’ignorez pas.

Elle avait de très beaux yeux, lady Maud — des yeux clairs et hardis où elle laissait lire tous ses sentiments à celui qui, sans le chercher, avait pris son cœur jusqu’alors insensible. Et ils disaient en ce moment, sans ambages : « Vous savez comme vous êtes aimé. »

— Évidemment. On n’ignore jamais quand on