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LA PETITE CHANOINESSE

ractère et d’habitudes que je donne souvent en exemple à mes jeunes paroissiennes. Il y avait même, entre elles, beaucoup plus d’affinités qu’il n’en existe avec ses tantes, avec Mme de Prexeuil surtout.

— Je le comprends… Celle-ci m’a paru plutôt… raide.

Le prêtre sourit.

— Pour qui ne la connaît pas bien, oui… Moi je dis : un peu raidie, plutôt. C’est une femme qui a beaucoup souffert, parce qu’elle avait un cœur ardent et trop orgueilleux, qui s’est révoltée devant les misérables trahisons humaines et n’a pas su voir au-dessus les compensations divines réservées à ceux qui les subissent en esprit de sacrifice.

— Rosalie m’a parlé d’une jeune sœur qui fut très malheureuse ?

— Oui, Mme de Valromée, la mère de Mme Bathilde. Elle revint à Prexeuil pour mourir, fuyant son indigne mari. Plus tard, ce fut son fils, Jacques de Valromée, qui marcha sur les traces de son père, ruina sa jeune femme et mourut je ne sais où, à l’étranger. La pauvre créature était venue se réfugier à Prexeuil, avec sa petite Élys. Mais elle ne survécut guère à son mari, qu’elle avait beaucoup aimé… Voilà com-