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LA PETITE CHANOINESSE

apparue comme la réalisation d’un idéal jusque là demeuré assez vague en son esprit. Idéal physique d’abord, par sa rare beauté, par le charme très pur de son expressive physionomie. Idéal moral aussi, car Ogier, pour avoir trouvé sur sa route trop de consciences féminines fragiles ou perverses, n’appréciait que davantage la délicatesse d’âme et de cœur, quand il la rencontrait… Or, il l’avait aperçue, comme un reflet très vif, dans les beaux yeux couleur de violette au regard de candeur sincère. Observateur très subtil de son entourage mondain, il savait à merveille reconnaître chez une femme la coquetterie, les petites fourberies, les ambitions secrètes ; mais de tout cela, il n’avait rien vu sur la physionomie d’Élys, troublée seulement par le regard qu’il attachait sur elle, par le tête-à-tête avec cet homme jeune et séduisant, qui lui accordait une attention si vive.

Et c’était à cause de cela, par un instinctif respect pour cette innocence devinée, que M. de Chancenay avait retenu les mots de trop chaude admiration qui lui montaient aux lèvres.

Mais maintenant, fort de ses intentions droites, il voulait se faire aimer d’Élys, afin qu’elle devînt un auxiliaire actif dans la lutte inévitable contre la volonté de Mme Antoinette.