Page:Delly - La Petite Chanoinesse.pdf/72

Cette page a été validée par deux contributeurs.
61
LA PETITE CHANOINESSE

Mme de Valromée, tandis qu’Élys se dirigeait vers l’harmonium.

Il admira une fois de plus son élégance naturelle, sa grâce aristocratique, dans cette toilette démodée dont la sobriété semblait charmante et pleine de goût à ses yeux fatigués des laideurs, des étranges folies de la mode contemporaine. Elle était vraiment très grande dame, cette descendante des Prexeuil et des Valromée. De toutes manières, son mari pourrait être fier d’elle.

Ogier la voyait de profil, assise à l’harmonium. Autour d’elle se groupaient quelques jeunes filles du village, parmi lesquelles Mélite, la cuisinière du Pré-Béni, petite-nièce de Rosalie. Elles chantaient avec plus de bonne volonté que de talent, sous la direction de la petite châtelaine. De temps à autre, la voix de celle-ci se faisait entendre, Elle n’était pas cultivée, mais le timbre avait beaucoup de charme, et l’ampleur du son paraissait à dessein contenue par la jeune fille, pour ne pas dominer ses compagnes.

Tout occupée qu’elle fût de son rôle d’organiste et de directrice des chœurs, Élys restait recueillie, visiblement pénétrée de tranquille ferveur. Quand, aux rares moments de repos, son regard se tournait vers l’autel où se consommait le sacrifice divin, Ogier la devinait prosternée