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LA PETITE CHANOINESSE

avait été plus particulièrement l’abri des veuves, dans la famille de Châtelbray dont la marquise de Chancenay se trouvait maintenant la dernière descendante.

Peut-être, aussi, Ogier voyait-il avec plus d’indulgence le vieux logis parce que, cet après-midi, une petite bouche aux lèvres délicatement pourprées avait dit :

— J’aime beaucoup le Pré-Béni.

Il se leva et se dirigea vers le salon voisin, grande pièce lambrissée où Rosalie avait allumé deux lampes. Près de la fenêtre demeuraient toujours le grand fauteuil de la défunte, sa table à ouvrage en bois de rose, une corbeille d’osier pleine de laine grise et blanche. À droite de la cheminée, l’acajou d’un vieux piano brillait dans la pénombre. Au milieu de la pièce, une table ovale s’allongeait, couverte d’un tapis de velours vert fané. Des livres, des albums de photographies s’y trouvaient, bien rangés… M. de Chancenay s’en approcha machinalement, ouvrit l’un des albums d’une main distraite…

Cette jeune femme à l’air doux et gracieux, c’était Mme de Valheuil. Ogier reconnaissait les traits du portrait à l’huile, œuvre d’un artiste de talent, que lui avait montré Rosalie, hier, dans une chambre du premier étage.