Page:Delly - La Petite Chanoinesse.pdf/47

Cette page a été validée par deux contributeurs.
36
LA PETITE CHANOINESSE

la défunte, loua sa charité, sa bonté discrète. Puis elle demanda :

— Pensez-vous que Mme votre grand’mère conserve cette maison ?

— J’en doute, car elle ne lui serait d’aucune utilité.

Mme de Valheuil espérait cependant qu’elle ne serait pas vendue, car elle est dans la famille depuis le seizième siècle, époque de sa construction.

— Je ne puis préjuger de ce que fera ma grand’mère, madame. Il est possible qu’elle tienne à la conserver…

Mais il pensait en même temps : « Je suis bien certain que non !… » Et il évoquait le visage resté jeune, à l’aide de quelques artifices, les cheveux toujours blonds, l’allure élégante et vive de sa frivole aïeule. Les sentiments sérieux, le culte du passé n’occupaient guère Mme de Chancenay. Garder une vieille maison, dans un coin de province, parce qu’elle avait été habitée pendant quatre siècles par des membres de sa famille, lui paraîtrait évidemment le comble de l’absurdité.

Mme de Prexeuil reprit, après un court instant de silence :

— Vous ne comptez sans doute pas séjourner très longuement ici ?