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LA PETITE CHANOINESSE

Elle tendit au jeune homme ses doigts ridés, un peu déformés par les rhumatismes. Mais comme il s’inclinait pour les effleurer de ses lèvres, la chanoinesse les retira, d’un mouvement presque brusque.

— Non, non, c’est inutile !… Ne vous donnez pas cet ennui… Car ce n’est pas agréable, de baiser une main de vieille femme.

La voix était brève, sourdement ironique, et dans le regard qui enveloppait M. de Chancenay, on pouvait discerner une sorte d’hostilité.

Ogier, qui ne se laissait pas facilement démonter, riposta, non sans quelque hauteur :

— Je n’ai jamais songé à trouver désagréable cet acte de courtoisie qui me fut enseigné dès l’enfance, madame.

— Oui, je sais, vous êtes très grand seigneur, comme tous ceux de votre race… comme d’autres… ce qui ne les a pas empêchés d’être…

Elle n’acheva pas sa phrase, et, inclinant un peu la tête pour prendre congé du jeune homme, elle rentra dans le salon.

Ogier pensa :

« La singulière femme !… Pas très aimable, évidemment. L’âge lui a peut-être dérangé les idées… Elle a dû être fort bien autrefois, et elle reste très grande dame. Le titre de chanoinesse