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LA PETITE CHANOINESSE

date… le jour où ma tante m’a dit que je ne pouvais t’épouser…

Penchée vers Ogier, elle tenait devant ses yeux le livre ouvert, à une page où l’encre n’avait pas la teinte jaune des lignes précédentes… Et il lut :

« Aujourd’hui, j’ai promis à ma tante de ne pas me marier. »

La jeune femme dit d’une voix frémissante :

— Vois comme ma main tremblait, quand j’ai écrit cela… J’ai eu l’impression que je m’enfermais moi-même dans une tombe.

Ogier mit un long baiser sur le front qui touchait presque ses lèvres.

— Ma pauvre bien-aimée !… Qu’y a-t-il d’écrit ensuite ?

— Oh ! c’est autre chose, cela ! Vois !

Il lut :

« Ma tante m’a déliée de cette promesse. J’ai été unie ce matin au marquis Ogier de Chancenay, blessé au service de la France. Que Dieu nous bénisse et nous maintienne dans ses voies ! »

Ogier dit en souriant :

— Il faudra bientôt mentionner là-dessus autre chose, Élys : la naissance de notre enfant.

Une vive émotion rayonna dans les beaux yeux veloutés, un sourire de bonheur entr’ouvrit