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tôt à son esprit, et elle l’avait formulée tout haut :

— Mais, ma tante, si je me marie, je devrai vous quitter ?

— Sans doute. Mais que ceci ne t’inquiète pas. Nous nous arrangerons toutes deux, Bathilde et moi. Tu demanderas à ton mari de t’amener quelquefois près de nous… Et puis, c’est la vie, enfant. Les jeunes s’en vont, les vieux restent seuls. Et moi, je ne suis pas dans les plus malheureuses, puisque j’ai Bathilde, qui est encore jeune et bien portante. Donc, accepte sans aucune inquiétude à ce sujet, Élys.

Mais la jeune fille, sous la tranquillité affectée de l’accent et de la physionomie, avait senti la peine profonde que cette séparation en perspective causait à sa grand’tante.

Aussi, dès qu’elle se retrouva seule avec elle, s’empressa-t-elle de lui apprendre la promesse de M. de Chancenay.

Mme Antoinette déclara :

— C’est fort bien de sa part, et d’autant plus qu’il n’a pas dû garder un trop bon souvenir de moi… Je lui crois une nature fort loyale, très élevée, incapable de longues rancunes et sachant comprendre le sentiment qui me faisait agir, quand je lui refusais ma petite Élys.