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LA PETITE CHANOINESSE

Il ripostait avec une involontaire sécheresse :

— Laissons donc ces petites questions, grand’ mère ! Ce sont des misères, des sottises… Quant aux admiratrices, j’ai autre chose à penser que de me soucier d’elles !

Ces visites n’étaient donc pas très désirées par lui. Il souffrait de ces dissonances d’âme entre l’aïeule et lui, du vide moral qui existait chez cette femme dont il était aimé pourtant, mais futilement, et surtout parce qu’il flattait son amour-propre… Il en souffrait d’autant plus maintenant que son cœur régénéré, dégagé du scepticisme d’autrefois, aspirait à trouver une affection intelligente et forte, en laquelle il pût se confier.

Mme de Chancenay, cet après-midi-là, lui donna des nouvelles de leur parenté. Plusieurs vides s’y étaient faits déjà… William Horne, entre autres, engagé au début de la guerre, avait été tué en Flandre, l’hiver précédent.

Ogier sortit une carte de sa poche, et la tendit à sa grand’mère.

— De Maud… Elle a été un peu souffrante, et vient seulement de reprendre ses fonctions d’infirmière.

— Ah ! cette chère Maud !… Charmante personne… intelligente… J’ai toujours pensé, Ogier,