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LA PETITE CHANOINESSE

d’hésitation. Et Mme Antoinette se promettait, aussitôt que ce serait possible, d’envoyer au chapitre autrichien ces insignes avec la triple démission motivée.

Très activement, Mme Bathilde et sa jeune nièce s’occupaient de ceux qui étaient restés, suppléant du mieux qu’elles pouvaient à l’absence du pasteur, qui laissait le pays dépourvu de secours spirituels. Avec l’aide de la mère du curé, bonne dame pleine de zèle, toutes deux faisaient le catéchisme aux enfants, allaient visiter les malades, et, vers la fin de chaque après-midi, réunissaient une partie de la petite population de Gouxy à l’église, où tous priaient ensemble pour les vivants et pour les morts, pour la France envahie, souillée par l’étranger.

Elles connurent, ces bonnes Françaises, toutes les angoisses des âmes patriotes, en ces jours de terrible incertitude. Elles rendirent grâces au ciel, quand l’ennemi fut arrêté par les héroïques soldats de France, au moment d’atteindre le but de ses ambitions, Paris, la ville où ces fils du sanguinaire Odin se promettaient de faire un butin magnifique et de réaliser tous leurs rêves d’orgie à l’allemande… Puis ce furent les longs jours, les longs mois d’attente. L’hiver était venu. Mme de Prexeuil, que son âge et de fré-