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LA PETITE CHANOINESSE

adulé. Son patriotisme, toujours vivant mais qui sommeillait un peu, dans une atmosphère trop frivole, s’éveillait ardent et fougueux. À Mme de Chancenay qui se lamentait, il répondit :

— Mais, grand’mère, c’est le plus beau jour de ma vie !

Et après un instant de silence, il ajouta, un sourire un peu amer sur les lèvres :

— Si j’y reste, mieux vaut que ce soit moi qu’un autre. J’aurai du moins été de quelque utilité à mon pays.

Dans son portefeuille, il emportait la petite photographie d’Élys. Avant de l’y enfermer, il avait longuement contemplé le doux visage aux yeux souriants, pleins de candeur profonde, et il avait murmuré passionnément :

— Priez pour moi, Élys, ma bien-aimée toujours… ma seule bien-aimée ! En allant défendre la France, c’est vous aussi que je défends, petite Française chérie, pour laquelle je ne puis que cela, puisqu’il nous est interdit d’être l’un à l’autre.