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LA PETITE CHANOINESSE

— Figurez-vous que maman, hier, a décidé tout d’un coup que nous partirions pour Biarritz, dans quelques jours ! Je ne sais quelle idée lui a passé par l’esprit, car il était convenu que nous resterions ici jusqu’au 4 ou 5 août. Elle prétend qu’elle est fatiguée, qu’il lui faut l’air de la mer… Enfin, peu m’importerait, si je n’étais ainsi privée de vous plus tôt que je ne le pensais.

Elle penchait sur l’épaule d’Ogier sa petite tête rousse. D’un geste distrait, il prit les doigts un peu courts, aux ongles brillants, et fit glisser les bagues élégantes qui les entouraient, en répliquant nonchalamment :

— Si vous êtes encore à Biarritz au début de septembre, j’irai peut-être y passer quelques jours, en revenant de Dinard, avant de m’installer à Sarjac.

— Oh ! la charmante idée ! Je vais vivre dans cet espoir, jusque-là… Car le temps me semblera si long !

— Ne vous réjouissez pas trop. Si nous avions la guerre, comme certains le pensent ?

— Mais non, mais non ! La guerre ! Jamais la France ne la voudrait ! Pour éviter cela, elle acceptera tout…

M. de Chancenay l’interrompit avec une sèche vivacité.