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LA PETITE CHANOINESSE

moment, rien autre chose — un joli hochet dont on s’amuse, pour le laisser dans un coin quelque beau jour, quand il a cessé de plaire.

Mme Doucza levait les épaules.

— Que veux-tu, mon cher cœur, il faut en prendre ton parti ! Comme tu me le disais naguère, M. de Chancenay, sous son amabilité d’homme du monde, est un grand seigneur très dédaigneux, qui nous considère de haut. Tu ne le changeras pas, je le crains bien, ma chère petite, en dépit de toute ton habileté.

– Et moi, j’en suis sûre maintenant… Ce que je voudrais savoir, par exemple, c’est à quoi — à qui, plutôt, il peut bien penser, quand son regard devient lointain, et prend une expression si nouvelle chez lui — une expression de tristesse, de rêverie ardente. Jamais ses yeux ne sont plus beaux qu’à ce moment-là !… Mais dès que je lui parle, c’est fini. De nouveau, je retrouve l’ironiste parfois si mordant, spirituel et charmant toujours, et qui se laisse aimer — sans aimer jamais lui-même.

Mme Doucza écoutait ces doléances avec une impatience à peine dissimulée. Elle était fort nerveuse, depuis quelque temps, visiblement préoccupée. Quand sa fille lui demandait : « Qu’as-tu donc, maman ? », elle répondait évasivement…