Page:Delly - La Petite Chanoinesse.pdf/173

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
162
LA PETITE CHANOINESSE

agissait pour son bien, dans le désir de lui épargner les grandes souffrances dont avaient pâti sa mère et sa grand’mère. Qu’elle dépassât le but, ceci apparaissait très certain à la jeune fille. Mais Élys continuait de ne pas regretter sa promesse de célibat. Son cœur, tout palpitant d’amour candide et profond, appartenait encore à Ogier, quoi qu’elle fît pour oublier, pour chasser l’image trop chère.

Quelque temps après le départ du jeune homme, la chanoinesse avait dit un jour à sa petite-nièce :

— Comme je tiens à ce que tu juges bien toi-même que ce mariage était impossible, pour la raison que je t’ai donnée, j’ai écrit à notre cousine de Baillans, afin qu’elle prenne des renseignements sur M. de Chancenay par l’intermédiaire de ses parents de Paris. Aujourd’hui, j’ai reçu sa réponse. Elle me confirme ce que je pensais, et ce que lui-même, comme je te l’ai dit, a reconnu implicitement. Son existence n’offre aucune garantie pour le bonheur d’une femme — bien au contraire. Il faut donc te persuader, mon enfant, que ta vieille tante a éloigné de toi l’épreuve douloureuse d’une union mal assortie, qui te réservait d’atroces déceptions.

Un petit frisson avait agité les épaules d’Élys,