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LA PETITE CHANOINESSE

jamais plus Élys n’avait parlé d’Ogier — n’échappaient aucunement à Mme Antoinette, qui s’en irritait et s’en inquiétait. Pourvu que cette enfant n’allât pas tomber malade !… Plus que jamais, la chanoinesse maudissait l’amour, M. de Chancenay et tous les mécréants de son espèce. Ah ! la belle idée, vraiment, qu’avait eue cette pauvre Mme de Valheuil, en léguant sa demeure à ces Chancenay !

Mais quelle que fût son inquiétude, Mme de Prexeuil n’avait pas un instant la pensée de revenir sur sa décision. Élys, pensait-elle, avait trop peu connu ce jeune homme pour conserver de lui un souvenir ineffaçable. Peu à peu, le regret s’affaiblirait, l’oubli viendrait… D’ici là, il y avait un moment difficile à passer. Mais le travail, la prière l’aideraient efficacement dans cette lutte intime contre son imagination — car la chanoinesse persistait à penser que le cœur n’avait pas été profondément touché.

Depuis cet incident, elle nuançait de quelque tendresse, pour sa petite-nièce, son affection jusque-là d’apparence un peu froide, quoique au fond elle eût toujours chéri profondément cette enfant charmante. Élys, de son côté, ne lui gardait pas rancune du refus qui avait brisé un rêve trop beau. Elle comprenait que Mme de Prexeuil