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LA PETITE CHANOINESSE

Maud essaya de questionner William Horne, qu’elle savait le plus intime ami d’Ogier, leur cousin à tous deux. Mais il prétendit ne s’être aperçu d’aucun changement dans l’humeur de celui-ci. Chancenay, disait-il, avait toujours été un peu fantasque. Il continuait, voilà tout — un jour aimable, prenant qui lui plaisait au piège d’un flirt ensorcelant, le lendemain presque indifférent, paraissant à peine se souvenir de celle qu’il avait remarquée la veille. Et Maud, pas plus que les autres, n’échappait à ces sautes d’humeur.

Mais la jeune fille secouait la tête.

— Non, il y a certainement autre chose — un ennui très sérieux, un souci pénible…

William levait les épaules.

— Eh ! que vous vous faites des imaginations, vous autres femmes, quand vous êtes toquées de quelqu’un !

En réalité, il savait, lui, à quoi s’en tenir. Ogier lui avait dit brièvement :

— La chanoinesse de Prexeuil refuse de me donner sa nièce… Et je n’ai aucun espoir à garder.

Sans qu’il eût besoin d’ajouter autre chose, William, qui le connaissait mieux que quiconque, avait deviné la souffrance cachée qui étreignait son coeur.