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LA PETITE CHANOINESSE

ne pourrais quand même causer à ma tante ce chagrin d’accepter un mariage qu’elle n’approuverait pas.

— Mais moi ?… moi ?… vous ne pensez donc pas à ce que je souffre, à ce que je souffrirai ? Car je vous aime, Élys !… j’avais mis en vous tous mes espoirs de bonheur !

Il parlait avec une ardeur passionnée, presque suppliante, et dans ses yeux se montrait l’émotion violente qui agitait son âme si longtemps indifférente.

Élys balbutia :

— Il faut oublier… Moi aussi…

Et, se détournant, elle s’enfuit, dans l’allée baignée de lumière.

Ogier ne la rappela pas, n’essaya pas de la suivre. Il comprenait trop bien que cette enfant loyale, à l’âme énergique et pure, ne faillirait jamais à son devoir de reconnaissance pour celle qui lui avait servi de mère.

Pendant un moment, il resta là, regardant l’étroite allée où le chat s’attardait au soleil, en considérant l’étranger. Une sorte de déchirement se faisait en lui. D’un geste lent, il passa la main sur son front, et murmura :

— Elle a raison… il faut oublier…

Puis il revint à la brèche, sortit du verger