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LA PETITE CHANOINESSE

impossible, je le sais bien. Mais du moins, promettez-moi de tenir comme non avenu ce serment obtenu par une pression sur votre volonté, promettez-moi d’agir, respectueusement, soit, mais fermement, près de Mme de Prexeuil, pour faire changer sa décision ?

Elle recula encore, en secouant la tête. Sous ses yeux pleins de tristesse et d’angoisse, le cerne se faisait plus profond.

— Non… Je dois trop à ma tante pour ne pas lui faire le sacrifice qu’elle me demande. Et puis…

— Quoi donc ?

Elle rougit davantage, hésita, et dit avec un frémissant embarras :

— Je ne crois pas être la femme qu’il vous faut.

— Ou plutôt « on » vous a laissé entendre que je n’étais pas le mari qu’il vous fallait ?… Vous ne répondez pas ?… C’est donc que je devine juste. Et on a profité de cette occasion pour vous arracher la promesse qui rassurait Mme de Prexeuil quant à l’avenir.

— Ma tante ne l’a pas exigée ; elle m’en a seulement exprimé le désir, et c’est librement que je l’ai faite.

Ogier dit avec une colère à peine contenue :