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LA PETITE CHANOINESSE

effrayez pas, monsieur le curé, car j’ai pour elle le plus profond respect. Ce que je voudrais, c’est vaincre la tenace volonté de cette vieille tante… Mais comment ?

L’abbé Dambry se retira un peu inquiet, car l’ardente résolution qu’il avait lue dans le regard du jeune homme lui révélait de quel sentiment passionné Élys était l’objet.

De fait, la difficulté accroissait chez M. de Chancenay la force de cet amour qui maintenant dominait tout, chez lui. Quoi que lui eût dit le curé, il voulait revoir Élys, lui parler, obtenir d’elle qu’elle lui promît d’agir près de sa grand’tante, pour changer les idées de celle-ci.

Mais la difficulté, c’était de la rencontrer seule.

Pendant les jours suivants, M. de Chancenay la guetta, aux alentours de Prexeuil. Il l’aperçut plusieurs fois, toujours accompagnée de Mme Bathilde. À l’église, il la voyait aussi, et constatait qu’elle était un peu pâle, qu’elle avait aux lèvres un pli de tristesse… Le refus de sa tante en était-il la cause ? À cette pensée, Ogier éprouvait une émotion mêlée de colère. Cette obstinée chanoinesse, figée dans sa rancune, faisait souffrir deux êtres à la fois… Mais elle n’aurait pas le dernier mot, il se le jurait bien !