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LA PETITE CHANOINESSE

mondain, d’élégant oisif. Une femme comme Mlle de Valromée, croyante convaincue, âme sérieuse et très noble, pourrait peut-être beaucoup pour transformer cet homme, fort intelligent, remarquablement doué sous tous les rapports… Mais elle est trop jeune encore, pour une telle mission. Et lui est un inconnu, dont la nature devrait être étudiée, mise à l’épreuve. Voilà donc ce que je voulais vous dire, madame : pourquoi ne pas ajourner votre réponse jusqu’à un an, deux ans même, en prétextant l’âge de Mlle votre nièce, et pendant ce temps prendre des renseignements sérieux, puis exiger que ce jeune homme, s’il continue de prétendre à Mlle de Valromée, répare les erreurs de son passé en menant désormais une vie plus utile ? Vous auriez là une pierre de touche, et plus tard, vous ne pourriez pas vous reprocher d’avoir systématiquement nui à l’avenir, à la vocation de cette enfant.

Mme de Prexeuil l’interrompit sèchement :

— Assez, monsieur le curé ! Laissons un tel sujet, car vous n’arriverez pas à changer mes idées. Ce beau fils, quand même il se ferait ermite, n’aura jamais Élys. Car je les connais, leurs protestations de repentir, de réparation, de vie bien sage ! Mon neveu Jacques m’en a-t-il fait, ainsi qu’à sa pauvre femme !… Ah ! ces