Page:Delly - La Petite Chanoinesse.pdf/130

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
119
LA PETITE CHANOINESSE

La jeune fille, qui songeait, les mains jointes sur son ouvrage, eut un léger tressaillement, et son teint s’empourpra.

Mme de Prexeuil, s’approchant, prit un siège près de sa petite-nièce. Son regard se fixa sur les yeux très émus, qui ne se détournaient pas.

— Élys, pourquoi as-tu jugé bon de me cacher que tu avais vu ce matin M. de Chancenay ?

— Ma tante, je comptais vous le dire… et tante Bathilde le savait, d’ailleurs. Je le lui ai appris aussitôt… de même que… que ce qu’il m’avait demandé… Mais il souhaitait que je ne vous parle pas de ceci avant la visite qu’il devait vous faire…

— Oui, parce qu’il se doutait que je ne serais pas accueillante à sa requête ?… Et toi, tu as fait ce qu’il voulait, cet étranger, qui t’a dit des paroles dorées, comme « ils » savent si bien en prodiguer, pour prendre les pauvres cervelles de femmes ? Tu t’es rendue coupable d’une dissimulation à l’égard de ta vieille tante, qui t’a élevée de son mieux, qui veut éloigner de toi le malheur…

— Ma tante !

La jeune fille se penchait, saisissait la main de la chanoinesse.

– … Pardonnez-moi !… Je n’avais pas l’inten-