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LA PETITE CHANOINESSE

— Certes !… Mais je ne demande à ma tante Antoinette que de ne pas dire non tout de suite, d’attendre qu’on le connaisse mieux… C’est très raisonnable, il me semble ?

— En effet. D’ailleurs, tu es trop sérieuse, en dépit de ta jeunesse, pour ne pas vouloir réfléchir toi-même, devant une si grave éventualité… Mais M. de Chancenay a eu tort de te parler d’abord. Ce n’est pas très correct… et il est certain que si tante Antoinette le savait…

Élys rougit de nouveau, mais son beau regard ne se détourna pas de celui que fixait sur elle la chanoinesse.

— Oui, peut-être aurait-il mieux fait… Mais il voulait savoir mon avis, avant de tenter la démarche près de ma tante…

— Et que lui as-tu répondu ?

— Que ce n’était pas non… mais que je voulais réfléchir…

Mme Bathilde soupira encore.

Mieux instruite que sa jeune nièce des raisons de Mme Antoinette, elle savait à quelle décision allait se heurter Élys. Par avance, elle ressentait donc la souffrance prochaine de cette enfant — et d’autant mieux qu’elle-même, dans le secret, avait connu quelque chose de semblable, quand elle était une gracieuse jeune fille de vingt ans,