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LA PETITE CHANOINESSE

Élys s’écria, en joignant les mains :

— Oh ! ne me dites pas qu’elle refusera !… Tante Bathilde, ne me dites pas cela !… Vous, n’est-ce pas, vous me comprenez ? Vous ne diriez pas non, tout de suite, de parti pris ?

— Oh ! certainement, ma petite fille ! Je verrais… je prendrais des renseignements… Il est certain que le mariage… Beaucoup souffrent cruellement…

— Je pense qu’on souffre en toutes situations, ma tante…

— Oui… oui… Et puis, la souffrance, c’est la vie de ce monde. Les uns en ont plus, les autres moins… Tout est oublié Là-haut…

Elle secoua la tête, puis murmura :

— Mais tante Antoinette a peur de la vie, pour celles qu’elle aime… Oui, parce que d’autres ont supporté de dures épreuves, qui les ont brisées…

Les deux femmes se remirent en marche. Elles montaient d’un pas égal le raide sentier qui menait à Prexeuil. Au-dessous d’elles, une claire lumière s’étendait sur la combe où les arbres commençaient de prendre leur somptueuse parure d’automne. Et sur le flanc des hauteurs, la brume matinale finissait de disparaître dans un halo doré, en découvrant les bois aux feuillages nuancés de jaune pâle, d’ocre et d’orange très vif.